BIEN VIVRE LA QUATRIÈME SEMAINE DE CARÊME

Publié le par GITANS EN EGLISE

BIEN VIVRE LA QUATRIÈME SEMAINE DE CARÊME

« Dieu a tant aimé le monde… » (Jn 3,14-21)

par Mgr Raymond Bouchex

Archevêque émérite d’Avignon (*)

 

Jésus, le Fils de l’Homme

Après des années d’annonce de l'Évangile et de méditation sous la lumière de l’Esprit Saint, l’évangéliste saint Jean présente le cœur de la foi chrétienne par ces mots de Jésus :

« Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique », non pour juger le monde, mais pour le sauver (Jn 3,16-17 : 4e dimanche B). Dans la 1ère lettre de saint Jean, nous lisons :

« Dieu est Amour. Voici comment Dieu a manifesté son amour parmi nous : il a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui » (1 Jn4,8-9). Dieu a donné son Fils unique en l’envoyant comme homme parmi les hommes et en acceptant qu’il meure sur la croix pour eux. Dans la deuxième lecture de ce dimanche, tirée de sa lettre aux Éphésiens, saint Paul ne sait comment exprimer son admiration devant la grâce de Dieu qui nous a fait revivre avec le Christ ressuscité. Il accumule les mots pour dire l’amour de Dieu : “Dieu riche en miséricorde”, le “grand amour dont il nous a aimés”, “par grâce”, “par sa bonté”, “la richesse infinie de sa grâce”, “par la grâce”, “le don de Dieu” (2e lecture de ce dimanche : Ep 2,4-10). Dans l’histoire d’Israël, Dieu avait manifesté son amour à son peuple en le libérant, grâce au roi de Perse Cyrus, de la déportation à Babylone (1ère lecture de ce dimanche : 2 Ch 36,14-23).

Déjà au cours de la marche des Hébreux dans le désert, Moïse avait élevé un serpent de bronze pour que ceux qui étaient mordus par des serpents le regardent et soient sauvés de la mort. Cela annonçait l’élévation du Fils de l’Homme à la fois sur la croix et dans la gloire de son Père. Ce titre mystérieux de Fils de l’Homme manifeste que le Christ est la réalisation parfaite des mots de Daniel : “Je contemplais, dans les visions de la nuit : Voici, venant sur les nuées du ciel, comme un Fils d’homme. Il s’avança jusqu’à l’Ancien et fut conduit en sa présence. À lui fut conféré empire, honneur et royaume, et tous les peuples, nations et langues le servirent. Son empire est un empire éternel qui ne passera point, et son royaume ne sera point détruit” (Dn 7,13-14).

Plutôt que de se dire le Messie (le Christ), ce qui aurait pu laisser entendre qu’il était le Messie politique et temporel qu’attendaient ses contemporains, Jésus se dit le Fils de l’homme. Le Fils de l’homme pardonne dès cette vie les péchés (Mc 2,5.10), il le fait surtout sur la croix. Il guérit les malades (Jn 9,35), il annonce sa passion et sa mort (Mc 8,31), il rassemblera les nations pour les juger sur le critère de l’amour (Mt 25,31), il est glorifié sur la croix (Jn 12,23). Il est le Fils de l’homme, parce qu’il est l’incarnation de Dieu-Amour. Cela est vrai suprêmement lorsqu’il meurt sur la croix. C’est pourquoi son élévation sur la croix, manifestation suprême de l’amour de Dieu, est son entrée dans la gloire de Dieu. “L’Heure est venue pour le Fils de l’homme d’être glorifié” (Jn 12,23). Il peut dès lors sauver ceux qui le regardent avec foi et leur donner la vie éternelle de Dieu.

Du Baptême au sacrement de la Réconciliation

            Le premier sacrement de la rémission des péchés est le baptême : “Je reconnais un seul baptême pour la rémission des péchés”. Quand nous sommes baptisés et confirmés, nous sommes unis au Christ qui est l’amour de Dieu incarné. Nous sommes comme plongés dans cet amour. Le cœur du Christ, en qui bat le cœur de Dieu, est comme greffé en nous. La croix marquée sur nous au baptême et à la confirmation en est le signe et la garantie. Elle nous rappelle que le Fils de l’homme glorifié sur la croix est la présence de l’amour “jusqu’au bout” de Dieu pour nous (Jn 13,1). Le renouvellement de la rémission des péchés donnée au baptême est le sacrement de la réconciliation. Quand nous confessons au prêtre nos péchés, le Fils de l’homme glorifié les prend sur lui comme il l’a fait sur la croix. Et par le prêtre il nous dit : « Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit (comme au baptême), je te pardonne tous tes péchés », à toi personnellement, parce que pour moi, tu as un nom unique, celui de ton baptême.

            À l’approche de Pâques, mieux que les Hébreux regardant le serpent de bronze, nous te regardons avec la foi, toi le Fils de l’homme élevé sur la croix. Tu es toujours en même temps le Crucifié et le Ressuscité. La croix nous rappelle que « Dieu a tant aimé le monde » qu’il n’a pu dire et montrer son amour qu’à travers ton extrême abaissement, et qu’il ne peut pas aller plus loin, ou plus bas, dans l’expression de son amour.

 

 (*) Mgr Raymond Bouchex, Vivre le Carême, Éd. Parole et Silence, 2008, .p. 144-147.

 

Publié dans CARÊME

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