Mc 15,6-15 JÉSUS OU BARABBAS ?

Publié le par GITANS EN EGLISE

Mc 15,6-15  JÉSUS OU BARABBAS ?

( voir aussi Matthieu 27,15-26 et Luc 23,1-5 )

Pilate s’adresse directement à la foule. Il a conscience de l’innocence de Jésus (v.10), et cherche ainsi à contourner la stratégie des grands prêtres.

La foule était montée pour réclamer au procurateur romain la libération d’un prisonnier. Marc souligne que « c’était la fête » et qu’à cette occasion, l’autorité romaine avait l’habitude de faire grâce à un prisonnier.

Alors qu’au début du récit de la Passion, on a appris que les grands prêtres cherchaient à éviter la foule, en particulier en ce contexte de fête (14,1-2), on voit maintenant Jésus, arrêté par les grands prêtres, apparaître devant la foule, précisément en raison de la fête. Que va-t-il se passer ? Toute la stratégie des grands prêtres et des anciens ne risque-t-elle pas de basculer dans le néant devant l’innocence du condamné ? Il n’en sera rien… Un moment de confusion sauvera la stratégie des autorités religieuses, et mènera irrémédiablement à sa perte l’innocent prophète galiléen. La confusion est provoquée par la mention de Barabbas dans la question de Pilate…

v. 6 : « À chaque fête de Pâque, Pilate relâchait un prisonnier, celui que la foule demandait ».

v. 7 : « Or, il y avait en prison un dénommé Barabbas, arrêté avec des émeutiers pour avoir tué un homme lors de l’émeute ».

v. 8 : « La foule monta donc, et se mit à demander à Pilate la grâce qu’il accordait d’habitude ».

v. 9 : « Pilate leur répondit : “Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ?” »

v. 10 : « (Il se rendait bien compte que c’était par jalousie que les chefs des prêtres l’avaient livré) ».

Le grand conseil n’a pas pu dissimuler les motifs de sa démarche. Pilate a découvert très vite la jalousie des grands prêtres, dont le rôle devient de plus en plus antipathique (15,1.3.10.11). Quelle justice va-t-il rendre ?

v. 11 : « Ces derniers excitèrent la foule à demander plutôt la grâce de Barabbas ».

v. 12 : « Et comme Pilate reprenait : “Que ferais-je donc de celui que vous appelez le roi des Juifs ?” ».

v. 13 : «  Ils crièrent de nouveau : “Crucifie-le !” »

La mise en croix était un supplice romain, un supplice tellement cruel que les citoyens romains condamnés à mort ne devaient pas y être soumis. Il fut très souvent employé en Palestine. Il était généralement précédé de la flagellation (v.15), dont le but était d’affaiblir le condamné pour que son agonie ne se prolonge pas sur la croix. C’est pour la même raison qu’on offrait au condamné une boisson (v.23) qui devait le plonger dans une certaine torpeur et qui constituait une sorte d’analgésique.

v. 14 : « Pilate leur disait : “Qu’a-t-il donc fait de mal ?”. Mais ils crièrent encore plus fort : “Crucifie-le !” »

v. 15 : « Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barabbas, et après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour qu’il soit crucifié ».

Pilate voulait vraiment libérer Jésus. Mais il fut aussi malhabile que lâche. Il reconnaissait implicitement la culpabilité de Jésus en proposant de le libérer à l’occasion d’une amnistie. Si la foule faisait bénéficier de l’amnistie pascale un autre que Jésus (le choix dépendait de la foule, v.6), celui-ci serait clairement un condamné dont la sentence devait dorénavant suivre son cours. Pilate qui, jusque-là, n’avait pas osé contrarier les grands prêtres accusateurs, sera alors trop lâche pour imposer son jugement sur l’innocence de Jésus (15,10.14). Celui-ci apparaît comme le juste innocent et souffrant (Is 53,9 ; Ps 38,20-21 ; 109,5).

Convaincu de l’innocence de Jésus, Pilate capitule devant les cris des grands prêtres. La consultation de l’Évangile de Jean nous en donne la raison : c’est par crainte d’être dénoncé à Rome comme ayant favorisé une émeute dirigée contre l’autorité impériale (Jn 19,12).

Publié dans MARC

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