Mc 4,13-20 EXPLICATION DE LA PARABOLE DU SEMEUR

Publié le par GITANS EN EGLISE

Mc 4,13-20  EXPLICATION DE LA PARABOLE DU SEMEUR

 

( voir aussi Matthieu 13,18-23 et Luc 8,11-15 )

 

Cette interprétation porte la marque de la réflexion des premières communautés chrétiennes. Elles déplacent l’accent de la parabole en fonction de leurs propres difficultés : ce qui est ici au centre, ce n’est plus le semeur, ce sont les terrains différents. L’interprétation est allégorique ; on constate qu’elle donne une signification à chaque détail. L’accent n’est plus mis sur la puissance cachée de la graine, comme dans le récit même de la parabole (vv.1-9), mais sur les dispositions, les attitudes de ceux qu’elle touche : accueil, refus, différents obstacles qui surgissent. L’enseignement fourni par ces versets reflète bien les situations de vie des chrétiens ; il laisse la perspective eschatologique pour attirer l’attention sur l’histoire présente de l’Église.

C’est donc une interprétation nouvelle de la parabole proposée par Jésus. Dans la parabole du semeur, il affirmait la puissance irrésistible de l’Évangile. Rien en effet ne pourra mettre en échec le “Royaume qui vient”. L’explication que l’on a ici paraît insister sur la responsabilité de ceux qui l’écoutent. Ils peuvent librement empêcher que fructifient en eux la Parole. Ces deux affirmations semblent contradictoires.

D’un côté, c’est vrai qu’en définitive rien n’est impossible à Dieu, même et surtout, de refaire l’homme, de sauver l’homme. D’un autre côté, c’est vrai également que tout est possible à l’Homme, et même, pour son malheur, de se refuser à la « Bonne Nouvelle ».

Depuis une quarantaine d’années, Jésus était remonté au ciel. La venue triomphante du Royaume ne s’était pas faite… La persécution des Juifs et des Romains constituait un monde hostile qui opposait bien des obstacles à la venue du Royaume. La communauté tira alors de la parabole une explication des lenteurs et des échecs du Royaume de Dieu. Ce fut l’allégorie, ou interprétation, des différents terrains.

Si le Royaume est grâce, il est pourtant remis à notre responsabilité.

            v. 13 : « Il leur dit encore : “Vous ne saisissez pas cette parabole ? Alors, comment comprendrez-vous toutes les paraboles ? »

            Cette incompréhension des disciples, est peut-être aussi la nôtre… Comme elle a été celle des communautés de premiers chrétiens…

            v. 14 : « Le semeur sème la Parole. »

            v. 15 : « Ceux qui sont au bord du chemin où la Parole est semée, quand ils l’entendent, Satan survient aussitôt et enlève la Parole semée en eux. »

            La semence devient ici la Parole (ce mot va revenir huit fois dans ce passage). La Parole désignera dans l’Église primitive, la prédication apostolique, l’annonce de la Bonne Nouvelle, qui continue celle de Jésus (1 Th 1,6 ; Ga 6,6 ; Col 4,3 ; Ac 4,4 ; 6,4 ; 2 Tm 4,2). Cette prédication est l’objet d’un drame. Elle se heurte à l’Adversaire (2 Th 2,4 ; 1 Tm 5,14), qui refuse de laisser au Règne de Dieu (Mc 1,14-15 ; 4,11) la place qu’il occupe (Lc 4,6). Au cœur de l’homme, également, la prédication rencontre maintes fois abandon, conflits ou résistance…

            v. 16 : « Et de même, ceux qui ont reçu la semence dans les endroits pierreux : ceux-là, quand ils entendent la Parole, ils la reçoivent aussitôt avec joie ; »

            v. 17 : « mais ils n’ont pas en eux de racine, ce sont les hommes d’un moment ; quand vient la détresse ou la persécution à cause de la Parole, ils tombent aussitôt. »

            Certains auditeurs acceptent le message évangélique avec joie (Ac 8,8 ;16,34 ; 1 Th 1,6) : l’Évangile leur paraît combler leurs désirs, répondre à de grandes aspirations du cœur. Mais une certaine légèreté ou superficialité vient à l’emporter ; ils ne s’enracinent pas dans le Christ (Col 2,7) ou dans l’amour (Ep 3,17). Ils ne résistent pas à la mise à l’épreuve de leur foi. On peut penser aux persécutions terribles que subissait l’Église primitive (1 Th 1,6).

            v. 18 : « Et il y en a d’autres qui ont reçu la semence dans les ronces : ceux-ci entendent la Parole, »

            v. 19 : « mais les soucis du monde, les séductions de la richesse et tous les autres désirs les envahissent et étouffent la Parole, qui ne donne pas de fruit. »

            Une autre classe d’auditeurs est celle des gens partagés. Ils ne rejettent pas l’Évangile lui-même. Mais ils sont très préoccupés d’accroître leur richesse ; ils y mettent leur confiance (Lc 12,19) ; ils voudraient servir Dieu et Mammon (Mt 6,24 ; Lc 16,11). Or, l’Évangile demande à respirer, à croître pour transformer l’homme au point de le refaire à l’image de Dieu (1 Th 2,13 ; Col 3,10).

            v. 20 : « Et il y a ceux qui ont reçu la semence dans la bonne terre : ceux-là entendent la Parole, ils l’accueillent, et ils portent du fruit : trente, soixante, cent pour un ».

            Enfin, l’Église regroupe des croyants qui sans cesse entendent la Parole : ils l’accueillent dans tout leur être. Transformés jusque dans leur intelligence, ils discernent ce qui est volonté de Dieu (Rm 12,2) et « portent des fruits pour Dieu » (Rm 7,4). Ils « mènent une vie digne du Seigneur » (Col 1,10) ; ils ont entrepris de « servir sous le régime nouveau de l’Esprit » (Rm 7,6).

            Cette explication nous invite à un examen de conscience… Y a-t-il des obstacles dans ma vie personnelle qui empêchent en moi la Parole de produire les fruits que Dieu et ceux qui me sont proches, sont en mesure d’attendre ?

            Que chaque jour, avec la grâce de Dieu, je garde le souci, à travers mes rencontres et mes activités, de faire grandir en moi les germes de l’Évangile, autant que cela m’est possible.

« Ils portent du fruit : trente, soixante, cent pour un ! » (v.20)

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