Mc 7,1-5 REPROCHE DES PHARISIENS ET DES SCRIBES À JÉSUS

Publié le par GITANS EN EGLISE

  Mc 7,1-5  REPROCHE DES PHARISIENS ET DES SCRIBES À JÉSUS

 

( voir aussi Matthieu 15,1-20)

 

                La première moitié du chapitre 7 (vv.1-23) nous fait passer insensiblement à la mission orientée vers les païens : en présence des juifs venus de Jérusalem, Jésus va contester le fondement même du pharisaïsme. Il provoquera ainsi une intensification de l’opposition qui s’élève contre lui, si bien qu’il devra, au verset 24, quitter le territoire juif.

                Marc présente à ses lecteurs le récit d’une discussion entre Jésus et les Pharisiens, à propos de leurs traditions. On pourrait penser que ce texte n’offre plus guère aux chrétiens du XXIe siècle que l’intérêt historique de nous renseigner sur les oppositions que rencontre Jésus dans son ministère. Pourtant nous savons que l'Évangile n’est pas simplement, ni même principalement, un document d’histoire : il est une catéchèse. Si Marc relate cette discussion, c’est donc qu’il la juge porteuse d’un enseignement valable pour ses lecteurs romains, qui n’avaient pourtant pas à redouter une ingérence des Pharisiens dans leur communauté. À quels besoins répondait cet enseignement ? C’est sans doute en essayant de le préciser que nous pourrons savoir si ces besoins sont analogues aux nôtres, et recueillir ainsi, comme les chrétiens de Rome au 1er siècle, le bénéfice de cette catéchèse.

                Il est évident que les Évangiles n’ont pu, ni voulu, conserver toutes les paroles de Jésus. Seules ont été sauvées de l’oubli celles qui répondaient aux besoins des premières communautés. Celles que nous trouvons en Marc, semblent bien avoir été recueillies pour éclairer les esprits, à Rome sans doute, mais d’abord en Palestine (cf. Mt 15,1-9), tentés de se croire obligés de maintenir dans l’Église les pratiques de la Loi juive.

                Paul avait réagi avec violence contre ce joug que les judaïsants avaient voulu imposer à ses Galates : « Vous qui pensez devenir des justes en pratiquant la Loi, vous vous êtes séparés du Christ, vous êtes déchus de la grâce ». (Ga 5,4). Sans doute le danger d’un retour, au moins partiel, aux observations juives ou à des contraintes analogues était-il encore à craindre dans les communautés chrétiennes auxquelles Marc destine son Évangile.

                Tel semble être le contexte historique qui a poussé Marc à relater cette controverse. Nous l’étudierons en trois parties :

1.       Le reproche des pharisiens et de quelques scribes à Jésus

2.       Les deux réponses de Jésus aux pharisiens

3.       Parabole sur le pur et l’impur.

v. 1 : « Les pharisiens et quelques scribes étaient venus de Jérusalem. Ils se réunissent autour de Jésus. »

v. 2 : « et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées. »

v. 5 : « Alors les pharisiens et les scribes demandent à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leurs repas sans s’être lavé les mains ».

                Les pharisiens et les scribes ne sont pas les amis de Jésus : on peut même dire que ce sont des adversaires. De plus, ils viennent de Jérusalem ! Pour Marc, les lieux ont une valeur symbolique. Et Jérusalem (la ville sainte) est en opposition avec la Galilée (terre païenne). Si bien que chaque fois que Jérusalem est citée, c’est dans un sens hostile : c’est de là que viennent toutes les attaques malveillantes… C’est là, d’ailleurs, que les responsables de la nation condamneront Jésus à mort et le livreront aux païens, c’est-à-dire aux romains.

                La mission des pharisiens et des scribes était d’espionner les agissements et les paroles de Jésus et de ses disciples. Ils n’ont pas eu à attendre longtemps : ils s’aperçoivent que certains des disciples de Jésus ne se lavent pas les mains avant les repas. Ils enfreignent une tradition, qu’ils seraient bien en peine de rattacher à la Loi de Moïse. Peu leur importe, la coutume existe, il faut la respecter ! Ils ne se posent même pas la question de savoir comme elle est née, ni dans quel but elle a été ordonnée. Leur religion est faite de mille minuties venues on en sait d’où, et qu’ils pratiquent sans les comprendre….

Il ne s’agit donc pas seulement d’hygiène, mais de pratique rituelle sur le « pur et l’impur », codifiées par la Loi de Moïse (Lévitique 11), et considérablement amplifiées et précisées par la tradition.

Alors les pharisiens et les scribes interpellent Jésus. Jésus est pris à partie à cause de ses disciples. C’est une excellente occasion pour Jésus de poursuivre la formation de ses disciples, et tout particulièrement ici, de les ouvrir à l’universel en les préparant à leur mission de missionnaire. Il va s’efforcer de leur montrer que les cadres étroits de l’ancienne religion ne sont plus capables de répondre aux exigences présentes. Il va leur apprendre à distinguer « l’essentiel » à travers les coutumes, et à se libérer de celles qui bloqueraient inutilement des païens de bonne foi, n’ayant pas les mêmes coutumes alimentaires.

v. 3 : « Les pharisiens, en effet, , comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, fidèles à la tradition des anciens ; »

v. 4 : « et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques : lavage de coupes, de cruches et de plats. »

Ces deux versets ont été écrits par Marc comme une explication pour ses lecteurs non juifs. La tradition des anciens était cet ensemble de prescriptions et d’usages qui constituait, à côté de la Loi écrite, une véritable Loi orale. Elle était apparue pour appliquer la Loi aux situations nouvelles et imprévues et au détail de la vie quotidienne. Les sadducéens et les esséniens la refusaient ; sans la rejeter, Jésus s’élève contre la confusion qui peut s’établir quand on place au même niveau la Parole de Dieu et son explication, la foi en Dieu et sa formulation, le culte de Dieu et ses expressions.

Les pharisiens avaient multiplié les exigences de la pureté légale, dans leur désir de préparer un peuple sacerdotal (Ex 19,5-6). Ces règles étaient devenues obligatoires, sans que l’on se soucie de l’intention. Elles étaient ainsi la marque des gens bien-pensants, des gens bien. C’était la tradition des anciens, et par conséquent, un signe d’orthodoxie. Du coup, la religion était devenue une affaire de pratiques extérieures. Aussi Jésus dénonce une fois de plus cette abatardisation de la religion ; elle est d’ailleurs de tous les temps !

(À suivre : les deux réponses de Jésus aux Pharisiens…)

 

Publié dans MARC

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