Mt 6,19-24 DU BON USAGE DES RICHESSES
Mt 6,19-24 : DU BON USAGE DES RICHESSES
Dans les versets qui suivent, Jésus attire l’attention de ses disciples sur le double danger du matérialisme (19-24), ce que nous allons voir aujourd’hui ; et des soucis de ce monde (25-34), qui seront vus la prochaine fois.
v. 19 : « Ne vous faites pas de trésors sur la terre, là où les mites et la rouille les dévorent, où les voleurs percent les murs pour voler ».
v. 20 : « Mais faites-vous des trésors dans le ciel, là où les mites et la rouille ne dévorent pas, où les voleurs ne percent pas les murs pour voler. »
v. 21 : « Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. »
Matthieu, par une série d’oppositions (devant Dieu / devant les hommes ; sur la terre / dans le ciel ; lumière / obscurité ; haïr / aimer ; s’attacher / mépriser ; Dieu / l’argent…), veut montrer qu’il n’y a pas de compromis possible pour le chrétien. Accepter la foi chrétienne, c’est poser un geste qui engage toute la vie dans la recherche de la gloire et du Règne de Dieu.
Matthieu évoque les mœurs palestiniennes pour laisser voir la précarité des richesses de la terre et l’insécurité de l’homme qui vit pour elles. Les Juifs cachaient des pièces de monnaie dans de précieuses étoffes, dans les murs ou dans une fosse spéciale que les voleurs trouveraient difficilement.
Nos propres biens spirituels, par contre, on les augmente en les partageant !
Qu’est-ce qui a le plus de valeur pour moi dans tout ce que je possède ? Qu’est-ce que je recherche le plus habituellement ?
Jésus considérait que la question de « l’avoir » était très importante ; il en parle dans onze de ses paraboles. De tous les pièges qui peuvent aujourd’hui troubler le chrétien, la préoccupation des choses matérielles est certainement un des plus dangereux. Ce sont des épines qui croissent sournoisement dans le cœur, étouffant l’activité de la Parole de Dieu en lui (Mt 13,22). Le problème de la possession des biens est subtil. Rien de plus normal que de pourvoir à ses besoins, à ceux de sa famille, et de travailler beaucoup pour assurer la sécurité de ses proches. Mais combien il est difficile d’échapper au filet de l’amour de l’argent, de la convoitise des biens matériels. Le chrétien de notre époque, vivant dans une société de consommation, constamment assailli par la publicité, n’a jamais eu autant besoin de mettre en application les principes que Jésus donne dans ces versets.
« Ne vous amassez pas… amassez-vous… »
Premier principe à retenir : « Agir avec bon sens et tenir compte des priorités ». Il serait insensé de se dépenser pour quelque chose qui perd de la valeur. Il s’agit de faire le meilleur investissement de ses biens et de son énergie ; de travailler « non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle » (Jn 6,27). Tout autre trésor ne dure pas et ne procure que soucis et tourments (1 Tm 6,9-10). D’autres textes de la Parole nous apprennent comment gagner ces richesses (Mt 10,40-42 ; 1 Tm 6,17-19 ; 1 Co 15,58 ; 1 Th 2,19 ; etc).
« Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur »
Deuxième principe à retenir : « Voir plus loin que l’immédiat, construire l’avenir ». Dieu ne veut pas que ses enfants se sentent chez eux définitivement sur la terre. Ils sont appelés à y être des étrangers et des pèlerins de passage, en marche vers une patrie meilleure, celle qui est céleste (He 11,13-16). Si nos possessions détournent nos yeux de cet espoir, elles seront pour nous un grave danger.
L’instinct de propriété fait partie de la nature humaine. Le désir de posséder est profondément inscrit dans nos cœurs. Tous les sages de toutes les religions ont donné des conseils de modération. Jésus, lui, ne conseille pas d’éteindre le désir, mais de mieux l’orienter. Tout dépend, dit-il, de ce que nous considérons comme un « trésor »… Désirons donc les choses qui ne périssent pas !
Jésus nous invite à ne pas nous contenter de l’éphémère. Notre vie terrestre est une existence brève, menacée, fragile… Jésus utilise deux images inoubliables : un petit « ver » minuscule capable de ronger le plus beau meuble… ou la plus belle poutre… Une « mite » capable de creuser de grands trous dans le plus beau de nos vêtements ou dans nos couvertures… Si notre but, sur terre, se contente de ce niveau élémentaire, quel vain gaspillage faisons-nous ! Les biens de consommation ne sont pas les vrais biens de l’homme : pensez à travailler pour le ciel… à investir dans le durable !
v. 22 : « La lampe du corps, c’est l’œil. Donc, si ton œil est vraiment clair, ton corps tout entier sera dans la lumière ;
v. 23 : « Mais si ton œil est mauvais, ton corps tout entier sera plongé dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, quelles ténèbres y aura-t-il ! »
Troisième principe à retenir : « Choisir la lumière plutôt que l’obscurité ». L’amour de l’argent n’est pas seulement la racine de tous les maux (1 Tm 6,10) ; c’est aussi l’expression d’un cœur, d’un œil mauvais, d’un état de ténèbres qui cache la lumière de Dieu.
« L’œil est la lampe du corps ».
On a dit de cette comparaison qu’elle était « l’une des plus mystérieuses de l’Évangile ». On peut la comprendre ainsi : dans la nuit, une lumière est indispensable pour se guider. L’œil est ce qui permet à l’homme de se guider. Importance des yeux, du regard… L’œil sain, c’est aussi le cœur sain : l’œil mauvais, c’est le signe d’un cœur mauvais. L’œil est l’image du cœur. L’homme tout entier se reflète en ses yeux. Dieu est lumière, parce qu’il est amour ! Si l’homme a un regard clair, limpide, pur, c’est-à-dire entièrement tourné vers Dieu qui est lumière, il réussira sa vie et marchera sur le bon chemin (Mt 7,14). S’il est absorbé, aveuglé par lui-même, alors, malheur à lui !
« Il vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière » (1 Pi 2,9)
« Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5,14)
« Que votre lumière luise devant les hommes » (Mt 5,16)
« Veille donc à ce que la lumière qui est en toi ne soit pas obscurité ! » (Lc 11,35)