Matthieu 3,1-3 LA PRÉDICATION de JEAN LE BAPTISTE (1)

Publié le par GITANS EN EGLISE

 Mt 3,1-3 : LA PRÉDICATION de JEAN LE BAPTISTE

Première partie

 

                        Au moment où va commencer la prédication si attendue de Jésus le Christ, voici qu’apparaît un personnage nouveau et inconnu : « en ces jours-là, survient Jean le Baptiste »(3,1). Il se situe d’emblée dans le désert de Judée, vit comme un prophète, porte le vêtement du prophète Élie (2 R 1,8) ; Il n’a rien de commun avec le “Nazaréen” (2,23).  Or, ces deux cousins, si proches et pourtant si différents, vont remplir la même fonction : « Alors survient Jésus » (3,13). L’un et l’autre inviteront les hommes au repentir dans les mêmes termes (3,2 ; 4,17). Leur ministère s’exercera en fonction d’une prophétie d’Isaïe (Mt 3,3 ; Mt 4,14-16). Les foules viendront à eux de régions en partie identiques (3,5 ; 4,25), et en les “voyant”, l’un et l’autre leur adresseront un discours, un programme de vie (3,7-12 ; 5 à 7).

            Jean comme Jésus ont été envoyés par Dieu pour montrer aux hommes la voie du salut : l’un précède l’autre pour en préparer la venue, mais leurs ministères, pour un temps très bref, vont se poursuivre parallèlement ; leurs disciples continueront après leur mort, non sans quelque rivalité, jusqu’à ce qu’apparaisse clairement dans les communautés chrétiennes, la plénitude et l’accomplissement de ces ministères en la personne de Jésus-Christ.

            La différence entre le précurseur et “celui qui vient derrière” (3,11) est soulignée par l’évangéliste : Jean “baptise dans l’eau en vue du repentir” ;  Jésus baptisera dans l’Esprit et le Feu” (3,11). La purification du baptême de Jésus sera beaucoup plus radicale que celle du simple baptême de Jean.

            Matthieu, en évoquant cette prédication de Jean le Baptiste, cherche à ouvrir le débat touchant Jésus Messie. Les Juifs attendaient un Messie qui jugerait au nom de Dieu les pécheurs (v.7-12). Or Jésus se présente comme solidaire du peuple pécheur (v.13-15), et c’est à ce moment que Dieu le proclame « son Fils bien-aimé » (v.16-17). Tout le drame de l’Évangile sera suscité par cette différence profonde entre la façon de vivre’ et d’agir que Jésus a choisie et les attentes d’Israël concernant le Messie.

 

            3,1a : « En ces jours-là »… On est vraisemblablement à l’automne de l’an 27. Il y a, entre le dernier verset du chapitre 2 et le premier verset du Ch 3 une trentaine d’années de silence et de vie obscure (Seul Luc parlera de la venue de Jésus au Temple de Jérusalem à l’âge de 12 ans : Lc 2,41-52)… Cette formule de transition n’est pourtant pas si banale que cela ! Les jours dont va parler Matthieu seront des jours décisifs. Il y a une urgence qui approche. Demain il sera trop tard !... On dirait aujourd’hui : Le jour « J » est imminent ! L’heure « H » est toute proche !

            3,1b : « paraît Jean le Baptiste » : Les lecteurs de Matthieu n’ont pas lu l’évangile de Luc : ils ignorent la parenté entre Jean-Baptiste et Jésus ! On fait ici sa connaissance : c’est une première rencontre. A l’origine, c’était ici que commençait l’Évangile de Matthieu : le prologue sur l’enfance de Jésus ne pris sa place que plus tardivement. Ainsi l’histoire chrétienne commence par le « cri » de Jean le Baptiste, dans le désert de Judée, au bord du Jourdain ! Il est le porte-parole du Messie qui va venir d’un moment à l’autre, et qu’il est le premier à attendre…

            3,2a : Le cri de Jean le Baptiste va droit au but, parce qu’il y a urgence : « Convertissez-vous ! » C’est-à-dire, libérez-vous de ce qui vous encombre, transformez-vous ! Se convertir, en effet, a deux sens : changez votre regard, votre façon de penser, rendez droit ce qui ne l’est pas : cela débouche sur le repentir ; mais aussi, changez de direction, d’orientation : tournez-vous vers Dieu, reprenez le bon chemin. Ces deux sens sont bien exprimés en Actes 26,20, lorsque saint Paul explique au roi Agrippa ce qu’il disait à tous après sa conversion : « je les exhortais à se convertir et à se tourner vers Dieu, en menant une vie qui exprime leur conversion ».

            3,2b : « car le Royaume des cieux est tout proche ». Voilà la Bonne Nouvelle ! Le Règne de Dieu sur toutes les nations est imminent ! Matthieu est le seul évangéliste à parler du Royaume des “cieux” (il l’écrit 32 fois) ; les autres parlent du Royaume de “Dieu”, qui est une expression équivalente, que Matthieu utilise quand même 4 fois. En fait, Matthieu se conforme à l’usage juif qui évite de prononcer le nom de “Dieu”. La fréquence en Matthieu de l’emploi de l’expression “Royaume” reflète son importance dans l’enseignement de Jésus ; l’évangile de Matthieu est présenté comme l’ “Évangile du Royaume”. Attention, ce Royaume nouveau n’est pas pour demain ou pour ailleurs : « il est tout proche » : il est pour ici et maintenant ! Ce sera aussi la première parole de Jésus en Mt 4,17. Comment rester indifférent à cette Bonne Nouvelle ?

            3,3 : Jean le Baptiste est la « voix qui crie dans le désert » comme l’annonçait le prophète Isaïe (40,3) ; il est le précurseur, celui qui doit « préparer » les cœurs à accueillir le Sauveur qui vient ! Dieu est tout proche ; mais il ne s’agit pas de l’attendre assis, sans rien faire ; Jean est chargé de dire : Levez-vous ! transformez-vous ! agissez ! préparez-vous à l’accueillir ! La parole de Dieu est-elle encore pour nous cette grande espérance populaire, mais surtout cette mobilisation de tout un peuple ?

 

                                                                                                                                 (à suivre…)

 

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