Mc 14,43-52 L'ARRESTATION DE JÉSUS

Publié le par GITANS EN EGLISE

Mc 14,43-52  L’ANGOISSE DE JÉSUS À GETHSÉMANI

( voir aussi Matthieu 26,47-56 et Luc 22,47-53 )

Le récit est court et sans commentaires. Marc ne rapporte aucune parole de Jésus, ni à Judas, ni au disciple qui s’est servi de son épée. Sa seule intervention fait ressortir l’anomalie de la situation et donne une brève indication : « Il faut que les Écritures s’accomplissent ». Ce sont elles qu’il faut interroger pour donner sens à ces événements déconcertants.

Rien n’atténue la dureté de la situation. Un des Douze, un de ceux qui avaient été appelés pour être avec lui, se retourne contre lui. Puis, « les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent tous ». C’est l’isolement le plus complet.

Le récit se termine curieusement par la fuite du jeune homme nu… Nous en reparlerons.

v. 43 : « Jésus parlait encore quand Judas, l’un des Douze, arriva avec une bande armée d’épées et de bâtons, envoyée par les chefs des prêtres, les scribes et les anciens ».

Le récit, soucieux de rapporter des faits précis plutôt que d’enseigner, identifie d’abord les auteurs de l’arrestation de Jésus : Judas, encore mentionné comme l’un des Douze, pour que son rôle n’en apparaisse que plus odieux (14,10.20 ; 3,19) ; une bande armée, qui exécute les ordres reçus ; enfin les trois catégories de membres du sanhédrin, le grand Conseil (8,31 ; 11,27). L’énumération précise des composantes du sanhédrin, qui sera prochainement répétée (v.53), est intentionnelle : on y trouve les vrais responsables de la Passion de Jésus. La plus haute autorité juive, civile et religieuse, apparaît dressée contre Jésus ; l’issue du drame est déjà scellée. On remarquera les grands prêtres mis en évidence en tête de liste (vv.43.53).

v. 44 : « Or, le traître leur avait donné un signe convenu : « Celui que j’embrasserai, c’est lui : arrêtez-le, et emmenez-le sous bonne garde ».

v. 45 : « À peine arrivé, Judas, s’approchant de Jésus, lui dit : « Rabbi ! » Et il l’embrassa ».

Voici la page la plus triste de l’Histoire du Monde ! Il faudrait la lire à genoux pour réparer…

Jésus avait choisi un pauvre inconnu, auquel il ménageait la gloire d’être un chef dans son Église… Or, cet inconnu livra à des bourreaux pour un peu d’argent, Celui qui l’avait comblé d’honneur, par son élection. Et il le livra par un baiser… Sans cette trahison nous célèbrerions sans doute chaque année la fête de saint Judas, apôtre !

De fait, il ne serait pas aisé, pour « la bande armée », d’identifier Jésus dans la nuit. C’est pourquoi Judas leur avait donné un signe qui leur faciliterait la chose. Ce sera par un baiser – un long baiser – que l’apôtre livrera à la mort celui qui l’avait introduit dans son intimité (3,14.19). Judas, comment as-tu pu faire cela, après trois ans de vie partagée au quotidien avec Jésus ?… Comment as-tu pu si lâchement trahir celui qui t’avait fait confiance en te donnant des responsabilités ?... Par un baiser !... La tradition judéo-chrétienne n’en parle pas : le baiser d’un disciple à son maître était si normal qu’on ne pouvait y voir un signe de trahison. Par contre, la tradition pagano chrétienne, ignorant les usages juifs,  y a vu un signe de trahison. En fait la trahison de Judas a surtout consisté à conduire les soldats au lieu où se tenait Jésus. Marc ne rapporte aucune parole de Jésus à Judas.

L’histoire de Judas est la preuve évidente de la faiblesse humaine… L’être le plus parfait peut sombrer… s’il ne surveille pas ses instincts et s’il ne prie pas.

Pendant que Judas trahissait son Maître pour trente deniers, Jésus offrait pour lui une rançon d’un “prix infini”. « Père, pardonne-lui ! ». C’est la noblesse royale de l’âme de Jésus ! La miséricorde divine n’a pas de limites… Jésus, le premier, a su rendre le bien pour le mal et si généreusement !

v. 46 : « Les autres lui mirent la main dessus et l’arrêtèrent ».

Incroyable arrestation d’un innocent dans sa brutale réalité.

v. 47 : « Un de ceux qui étaient là tira son épée, frappa le serviteur du grand prêtre, et lui trancha l’oreille ».

Ce verset 47 vient d’un dernier rédacteur. En effet, dans la tradition ancienne on passait de Mc 14,46 à Mc 14,53. Ce dernier rédacteur, en s’appuyant sur les règles orientales du châtiment des malfaiteurs, a voulu que le serviteur du grand-prêtre soit marqué à vie pour sa présence en ce lieu. Jésus laisse faire, sans un mot.

v. 48 : « Alors Jésus leur déclara : “Suis-je donc un bandit pour que vous soyez venus m’arrêter avec des épées et des bâtons ? »

v. 49 : « Chaque jour, j’étais parmi vous, dans le Temple, où j’enseignais ; et vous ne m’avez pas arrêté. Mais il faut que les Écritures s’accomplissent ».

Jésus savait bien pourquoi ses adversaires ne l’avaient pas arrêté tandis qu’il prêchait dans le Temple : ils craignaient les réactions du peuple (11,18 ; 12,12 ; 14,2). Il est difficile de voir quels textes des Écritures Jésus voit s’accomplir lors de son arrestation… Bien des textes de l’Ancien Testament parlent de la ruse et de la violence des ennemis du juste (entre autres : Ps 37,14 ; 71,11 ; Jér 26,8 ; 37,13-14).

L’allusion aux Écritures n’est pas dans les habitudes de Marc.

v. 50 : « Les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent tous ».

C’est dans un isolement complet que Jésus va se rendre au bout de son chemin. Il est vraiment le seul homme en qui Dieu ait pu reconnaître une fidélité parfaite. Par l’Esprit que nous vaut sa résurrection, nous sommes cependant tous appelés à notre tour à suivre le Christ, jusqu’au bout de la fidélité.

Le v. 50 signale nettement combien la prédiction que Jésus avait faite (14,27), et contre laquelle tous avaient protesté (v.31), s’est tristement réalisée : tous l’abandonnèrent !

v. 51 : « Or, un jeune homme suivait Jésus : il n’avait pour tout vêtement qu’un drap. On le saisit. »

v. 52 : « Mais lui, lâchant le drap, se sauva tout nu ».

Le jeune homme qui se sauve tout nu peut symboliser, par avance, le Christ ressuscité laissant derrière lui le linceul de sa mort… Un jeune homme réapparaît au matin de Pâques, revêtu non plus d’un drap, mais d’un vêtement blanc (16,5), messager de la résurrection ?

Certains ont voulu y voir Marc jeune… (il est le seul à en parler)… signalant discrètement sa présence… ou un autre témoin qui a parlé plus tard… ou un souvenir de Pierre… ? Mais c’est difficile à démontrer…

Marc a peut-être tout simplement rapporté ce fait qui lui paraissait illustrer de façon frappante le désarroi des disciples, réalisant le passage prophétique d’Amos : « Le plus vaillant de ces héros s’enfuira tout nu, ce jour-là ! » (Am 2,16).

Quel est le message de Marc à retenir ?

Marc dénonce la lâcheté de tous ceux qui entourent Jésus en même temps que l’isolement de Jésus déjà incompris avant et désormais abandonné de tous… Un message qui reste interpellant pour nous aujourd’hui !

Publié dans MARC

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