Mc 9,33-37 QUI EST LE PLUS GRAND ?

Publié le par GITANS EN EGLISE

Mc 9,33-37  QUI EST LE PLUS GRAND ?

( voir aussi Matthieu 18,1-5  et  Luc 9,46-48 )

 

Nous commençons ici un premier enseignement de Jésus (Mc 9,33-50) centré sur la vie de la communauté, constitué de paroles que Jésus a prononcées en diverses circonstances et que Marc a regroupées ici dans un but de formation. Une inclusion délimite l’ensemble de ces versets : au début, les disciples se disputent (33-34) ; à la fin, Jésus leur recommande d’être en paix les uns avec les autres (v.50). Un changement de lieu est indiqué au début de cet ensemble (v.33), un autre l’est aussi au début de l’ensemble suivant (10,1) ; et là, on voit Jésus « se mettre en route » (10,1), alors qu’il s’était assis au début de ce premier enseignement (v.35).

v. 33 : « Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demandait : “De quoi discutiez-vous en chemin ».

Voilà qui surprend ! Au verset 30, on apprend que Jésus a décidé de traverser la Galilée incognito… Or il se rend à Capharnaüm où il est connu de tous et à la maison de Pierre qui est sa résidence habituelle ! C’est un indice très sûr que le groupe de sentences qui va suivre n’est pas lié chronologiquement à ce qui précède. Ici encore, la liaison est d’ordre catéchétique. Après avoir relaté la seconde annonce de la Passion, il était important de montrer que Jésus, dans sa passion, se comporterait en Serviteur, réalisant les prophéties du Serviteur souffrant (Isaïe 50,4-6 ; 52,13 à 53,12).

Jésus a rassemblé les disciples « à la maison », lieu privilégié de leur formation ; il leur propose une « révision de vie » : « De quoi discutiez-vous en chemin » ?

v. 34 : « Ils se taisaient, car, sur la route, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. »

Les disciples ne sont pas très à l’aise… C’est un silence général qui répond à la question de Jésus… Ils se doutent bien que ce genre de discussion ne doit pas plaire au Maître !

Ce récit montre jusqu’où peut aller l’incompréhension du message du Christ. Tant que nous cherchons à savoir qui est le plus grand et à devenir supérieurs aux autres, nous ne sommes pas entrés dans la voie ouverte par le Christ qui s’est fait dépendant de tous, serviteur de tous. Il faut une certaine naïveté et beaucoup de confiance pour accueillir Dieu et les autres hommes sans résistance et sans recherche de soi (cf. 10,44-45).

Les scribes recherchaient les premières places, à la synagogue comme dans les banquets (Mc 12,39). Les Douze en étaient encore là, alors que Jésus se dirigeait avec eux vers la Passion où il serait compté parmi les criminels (Lc 22,37 ; Is 53,12), abaissé jusqu’à la mort sur la croix (Ph 2,8).

v. 35 : « S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : “Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous ».

v. 36 : « Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit : »

v. 37 : « Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ne m’accueille pas moi, mais Celui qui m’a envoyé ».

Jésus présente le nouvel ordre de choses qui sera instauré dans le Royaume : Dieu est guidé par son amour miséricordieux (Rm 5,6-10), plutôt que par l’instinct de domination ; le Christ, bien qu’il soit le Maître et le Seigneur, se plait à laver les pieds de ses disciples (Jn 13,14) ; ils devront eux-mêmes imiter leur Maître (Ph 2,2-5 ; Jn 13,14b). Seul un tel renversement des esprits peut régler les tensions de ce monde (Rm 12,2).

Qui accueille un enfant, - c’est-à-dire, tous ces hommes sans richesse, sans pouvoir social et presque sans droit, dont l’enfant, à l’époque de Jésus, est le symbole, - accueille de fait Jésus  et Dieu lui-même (Mt 25,34-46).

Reprenons les mots de Jésus. Au “plus grand” ou au “premier“, Jésus préfère proposer les mots de « dernier » et de « serviteur de tous ». Marc répètera presque exactement cette parole après la demande de Jacques et de Jean d’être les premiers (10,43-44). Décidément, cet enseignement a du mal à rentrer !

Au v. 37 : « accueillir en mon nom un enfant » : ce n’était pas évident pour les disciples (cf. Mc 10,13), ni dans le judaïsme en général. Recevoir un enfant au nom de Jésus, c’est recevoir Jésus lui-même et Celui qui l’a envoyé. Jésus se reconnaît ici comme « l’Envoyé » de Dieu. C’est la seule fois dans l’évangile de Marc.

Pour Marc, accueillir un enfant, accueillir un disciple de Jésus, c’est accueillir le Règne de Dieu (Mc 10,15), la présence de Dieu, porteuse de salut. Cet accueil est donc une attitude fondamentale, proche de la foi.

Le geste de Jésus : Jésus accueille un enfant, il le place au milieu, il l’embrasse. Marc est le seul évangéliste à décrire ce geste de Jésus. C’est plus qu’un geste, c’est une action prophétique : elle symbolise quelque chose d’important, pour tout le peuple de Dieu. Comme d’habitude, Jésus donne la priorité aux êtres qui, dans le judaïsme, sont peu considérés de par leur groupe social. Ce sera aussi vrai dans la première communauté chrétienne (1 Co 1,26).

L’Église aura toujours à se laisser renouveler en accueillant réellement les enfants. Elle aura toujours à accueillir Dieu aussi simplement qu’un enfant accueille…

Publié dans MARC

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