Mt 2,13-15 LA FUITE EN ÉGYPTE

Publié le par GITANS EN EGLISE

Mt 2,13-15 : La fuite en Égypte

 

L’Exode de Jésus, nouveau Moïse

            La fin du chapitre 2 se divise en trois parties :

vv.13-15

La fuite en Égypte

Citation de Osée 11,1

« d’Égypte, j’ai appelé mon fils »

vv.16-18

Le massacre des enfants innocents de Bethléem

Citation de Jérémie 31,15

« on entend des cris à Rama, des sanglots amers ; c’est Rachel qui pleure ses fils »

vv.19-23

Le retour d’Égypte

Citation de Isaïe 42,6 et de 49,6 (cf. Isaïe 11,1 ; Juges 13,5-7 : Nazir : Faire le vœu de ne boire aucune boisson alcoolisée et ne pas se couper les cheveux pour se consacrer au Seigneur. Nb 6,2)

« Nazôréen » : un nom proche de Nazaréen, habitant de Nazareth. Mais le sens est ici symbolique :

« Tu es mon serviteur… Je te prends par la main pour relever les tribus de Jacob… pour faire de toi la lumière des nations… jusqu’aux extrémités de la terre »

 

            2,13 : Les Mages à peine partis, la vie de la Sainte Famille va se trouver bouleversée à nouveau. Joseph va devoir prendre ses responsabilités de chef de famille et de protecteur de la vie de Jésus et de Marie : tout repose ici sur lui  (il va être nommé par son nom 4 fois entre les versets 13 et 23). Pourtant, il ne dit pas un mot ; mais il agit, il obéit, il réalise le projet de Dieu. C’est, une fois encore (cf. 1,20), au cours de son sommeil, que Joseph reçoit un ordre venant du ciel : il faut partir au plus vite, prendre le chemin de l’exil vers l’Égypte, parce qu’Hérode va venir non pour adorer l’enfant-roi, mais « le faire mourir ».

« “koum” = Lève-toi » ! Une expression impérative fréquente dans la Bible : « Lève-toi Elie et mange » (1 Rois 19,5)… « Lève-toi, ma bien-aimée » (Cantique des cantiques 2,10)… « Lève-toi, Jonas, va à Ninive » (Jonas 1,2)… « Lève-toi, Jérusalem… » (Isaïe 60,1)… Ce même impératif sera plus fréquent encore dans le Nouveau Testament. A Joseph d’abord : « Lève-toi ! Prends l’enfant et sa Mère et fuis en Égypte » ; « Joseph se leva dans la nuit… ». En guérissant le paralytique Jésus lui dit : « Lève-toi, prends ton lit et retourne chez toi » (Mt 9,6)… Après la transfiguration, Jésus va au-devant de ses 3 disciples et leur toucha la main : « Levez vous ! N’ayez pas peur ! » (Mt 17,8)… Au jardin de Gethsémani, Jésus vient réveiller ses 3 disciples : « Levez-vous !... celui qui me livre s’est approché » (Mt 26,46)… Jésus guérit la fille de Jaïre : il saisit l’enfant par la main et dit : « Talitha koum = jeune fille, je te le dis, lève-toi » ! (Mc 5,41)… Jésus ressuscite le fils de la veuve de Naïm que l’on portait en terre : il arrête les porteurs et dit : « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi ! »… (Luc 7,14). Dieu veut des hommes debout ! Il suscite des hommes actifs ! Si je sais écouter, j’entendrai peut-être aussi, à un moment ou à un autre de ma journée ou de ma vie, cet ordre de Dieu : « Debout ! Lève-toi ! Marche ! »... Joseph nous montre silencieusement comment répondre… (cf. Mt 1,20-24 ; 2,13-14 ; 2,20-23).

« Fuis en Égypte » ! Après est né pauvre, « couché dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (Luc 2,7), Jésus va connaître tout de suite l’exil et la vie des réfugiés. Il revit symboliquement l’exil de Moïse obligé de fuir pour échapper au Pharaon qui voulait le tuer (Exode 2,15). Moïse avait déjà échappé une première fois à la mort de tous les garçons premiers-nés hébreux, sauvé dans une corbeille sur le Nil. C’est un rapprochement qui permet à Matthieu de montrer que Jésus est le nouvel Israël protégé par Dieu et le nouveau Moïse qui fera entrer son peuple dans la Terre Promise. C’est ainsi toute l’histoire d’Israël qui recommence avec la venue de Jésus.

« Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr ». Pourquoi cet acharnement contre Jésus dès sa plus tendre enfance ? Jésus adulte se présentera comme la « Bonne Nouvelle » (Mt 4,23 ; Mc 1,15) ; de lui on a pu dire qu’ « il était passé en faisant le bien » (Actes 10,38). Annoncé par les Prophètes, attendu par tout le Peuple, il n’a pourtant pas été reconnu. Pire, il a été combattu, rejeté… Cet affrontement se retrouvera tout au long de sa vie publique et le conduira jusqu’à la Croix : « Les chefs des Prêtres (les descendants de ceux qui avaient identifié pour Hérode la naissance du Messie) et les Anciens poussèrent les foules à réclamer Barabbas (“emprisonné pour émeute et meurtre” Lc 23,19,) et à faire périr Jésus » (Mt 27,20). Mais derrière la figure violente d’Hérode se dessine aussi celle du Pharaon sanguinaire d’Égypte.

2,14 : « Joseph se levade nuit… ». Pour souligner l’obéissance empressée de Joseph, l’exécution de l’ordre venu de Dieu est exprimée exactement dans les mêmes termes que ceux du message de l’Ange. Essayons d’imaginer ce que peut représenter un tel départ dans la précipitation, « en pleine nuit… », avec un jeune enfant… et vers l’inconnu ! Tout allait si bien lors de la visite des Mages… Et aussitôt il faut partir sans avoir eu le temps de s’y préparer… ou d’expliquer à ses voisins ce départ précipité. Quelle épreuve ! Il faut maintenant « protéger » celui dont le nom signifie « Dieu sauve » et qui s’est remis entre les mains des hommes ! Joseph a compris cette mission : il l’assume simplement, mais avec une grande maturité. Et surtout beaucoup de foi, car tout cela a dû lui paraître incompréhensible et difficile.

2,15 : « Il resta en Égypte jusqu’à la mort d’Hérode ».Trouver du travail en pays étranger pour faire vivre sa famille : voilà le défi que Joseph a dû surmonter, jour après jour, pendant une année ou deux. Hérode va mourir en l’an 750 de la fondation de Rome. La date est historiquement certaine, la naissance de Jésus se situant par conséquent vers l’an 748 de la fondation de Rome.

« Pour que s’accomplisse la parole du Seigneur prononcée par le Prophète Osée (11,1) : « D’Égypte j’ai appelé mon fils ». Matthieu applique ici à Jésus un texte qui, chez le prophète Osée, parlait de la sortie d’Égypte qu’Israël, avec ses rébellions et ses infidélités, avait connue. L’histoire du peuple sera vécue de nouveau par Jésus, mais avec une parfaite obéissance à Dieu (Mt 4,1-11). Le nouveau peuple du Royaume de Dieu (21,43) naîtra de ce petit reste d’Israël qu’était Jésus. (Galates 3,16 ; cf. Isaïe49,6 ; 11,1).

« J’ai appelé “mon Fils” de l’Égypte ». C’est au moment où Joseph « se retire » en Égypte que l’éclairage de la Parole de Dieu qui donne un sens à la situation, parle de « retour » ! L’exil prépare une « rentrée ». Dieu n’est pas pris au dépourvu : c’est son plan d’amour qui se réalise malgré la méchanceté des hommes. L’identité de Jésus est un peu plus dévoilée par le texte d’Osée cité par Matthieu : la généalogie avait appelé Jésus : « Fils d’Abraham, Fils de David » ; ici il est appelé « mon Fils » au sens fort, par Dieu lui-même ; c’est-à-dire qu’il est nommé tout simplement : « Fils de Dieu » ! Ce parcours vers l’Égypte, motivé par un roi jaloux et sanguinaire, était nécessaire pour tout cela soit dit sur Jésus, en relecture pascale.La fuite en Egypte

Publié dans MATTHIEU

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