PRESSENS-TU UN BONHEUR ? 1er Janvier 2012

Publié le par GITANS EN EGLISE

PRESSENS-TU UN BONHEUR ?

 

Lettre de TAIZÉ

 

[ écrite pour l’année 2001, elle reste tout aussi vraie en ce début 2012 ]

 

                        Si nous pouvions savoir qu’une vie heureuse est possible, même aux heures d’obscurité… Ce qui rend heureuse une existence, c’est d’avancer vers la simplicité : la simplicité de notre cœur et celle de notre vie.

            Pour qu’une vie soit belle, il n’est pas indispensable d’avoir des capacités extraordinaires ou de grandes facilités : il y a un bonheur dans l’humble don de sa personne.

            Quand la simplicité est intimement associée à la bonté du cœur, un être humain même tout démuni peut créer un terrain d’espérance autour de lui.

            Oui, Dieu nous veut heureux ! Mais il ne nous invite jamais à demeurer passifs, jamais à être indifférents à la souffrance des autres. Bien au contraire : Dieu nous suggère d’être créateurs, et de créer aussi au moment des épreuves.

            Notre vie n’est pas soumise aux hasards d’une fatalité ou d’un destin. Loin de là ! Notre vie prend un sens quand elle est avant tout réponse vivante à un appel de Dieu. Mais comment reconnaître un tel appel et découvrir ce qu’il attend de nous ?

            Dieu attend que nous soyons un reflet de sa présence, porteurs d’une espérance d’Évangile. Qui réponds à cet appel n’ignore pas ses fragilités, aussi garde-t-il en son cœur ces paroles du Christ : « Ne crains pas, crois seulement ».

            Il en est qui perçoivent, serait-ce d’abord tout faiblement, que l’appel de Dieu pour eux est une vocation pour toute l’existence.

L’Esprit Saint a la force de soutenir un oui de toute la vie. N’a-t-il pas déjà déposé dans l’être humain un désir d’éternité et d’infini ? En lui, à chaque âge, il est possible de retrouver un élan et de se dire : « Fais-toi un cœur résolu (Si 2,2), et poursuis le chemin ! ».

Et voilà que, par sa mystérieuse présence, l’Esprit Saint accomplit un changement dans nos cœurs, rapide pour les uns, imperceptible pour les autres. Ce qui était obscur ou même inquiétant arrive à s’éclairer. Jusqu’au bout de l’existence, la confiance d’un oui peut apporter tant de clarté.

Appelés au don de notre personne, nous sommes peu construits pour un tel don. Le Christ comprend nos résistances intérieures. En les surmontant, nous lui donnons une preuve de notre amour.

Attentifs à l’appel de Dieu, nous saisissons que l’Évangile nous invite à prendre des responsabilités pour alléger les souffrances humaines.

Le regard des innocents, celui de tant de pauvres à travers la terre, nous interroge : comment partager une espérance avec qui en est tellement privé ?

Et la parole du Christ dans l’Évangile apporte une réponse toute limpide : « Ce que vous accomplissez pour les plus humbles, c’est à moi que vous le faites. » (Mt 25,40).

Dieu ne peut que donner son amour et la souffrance ne vient jamais de lui. Dieu n’est pas l’auteur du mal, il ne veut ni la détresse humaine, ni les guerres, ni les désordres de la nature, ni la violence des accidents. Il partage la peine de qui traverse l’épreuve et il donne de consoler qui connaît la souffrance.

Dieu nous veut heureux : mais où est la source d’une telle espérance ? Elle est dans une communion avec Dieu, vivant au centre de l’âme de chacun. « Le Christ est uni à tout être humain sans exception, même si celui-ci n’en est pas conscient » : ces paroles si claires, écrites par le pape Jean-Paul II, ouvrent à une compréhension nouvelle de la foi sur la terre. La confiance en Dieu devient une réalité plus accessible.

Pouvons-nous le comprendre ? Il nous sera donné d’être saisis par le mystère d’une telle communion avec Dieu. Elle atteint ce qu’il y a d’unique et de plus intime au tréfonds de l’être.

Dieu est Esprit (Jn 4,24 : Sg 1,7) et sa présence demeure invisible. Il vit en nous toujours : dans les moments d’obscurité comme dans ceux de pleine clarté (Ga 2,20). Même un enfant peut entrer dans cette réalité contemplative.

Y aurait-il en nous des abîmes d’inconnu, et aussi des gouffres de culpabilité venant d’on ne sait où ? Dieu ne menace personne (1 Pi 2,23-24) et le pardon dont il inonde nos vies vient guérir notre âme.

Comment un Dieu d’amour pourrait-il s’imposer par des menaces ? Dieu serait-il un tyran ?

Si des doutes nous assaillent, ils ne sont parfois que des trous d’incrédulité, rien de plus. Une maîtrise de nos pensées n’est pas sans valeur pour tenir au milieu des multiples sollicitations d’une existence. La paix commence en nous-mêmes : « Commencez en vous l’œuvre de paix, au point qu’une fois pacifiés vous-mêmes, vous portiez la paix aux autres » (St Ambroise de Milan).

Surgirait-il l’impression d’un éloignement entre Dieu et moi, comme si le regard intérieur s’éteignait fugitivement ? Rappelons-nous que Dieu ne retire jamais sa présence.

L’Esprit Saint ne se sépare jamais de notre âme : même à la mort, la communion avec Dieu demeure. Savoir que Dieu nous accueille pour toujours en son amour devient source de paisible confiance. (Les techniques médicales actuelles parviennent de plus en plus à apaiser le passage lui-même de la mort, en soulageant les souffrances).

Notre prière est une réalité simple. Ne serait-elle qu’un pauvre soupir ? Dieu sait nous entendre. Et n’oublions pas que, au cœur de la personne humaine, l’Esprit Saint lui-même prie. (Rm 8,26). Et nous tenir en silence en présence de Dieu est déjà une disposition intérieure ouverte à la contemplation.

Entrant dans le troisième millénaire, saisissons-nous assez que, voici deux mille ans, le Christ est venu sur la terre non pas pour créer une nouvelle religion, mais pour offrir à tout être humain une communion en Dieu ?

Le deuxième millénaire a été celui où beaucoup de chrétiens se sont séparés les uns des autres. Nous engagerons-nous dès maintenant, oui sans retard, dès le début du troisième millénaire, à tout accomplir pour vivre en communion et pour construire la paix dans le monde ?

Quand les chrétiens demeurent dans une grande simplicité et dans une infinie bonté du cœur, quand ils sont attentifs à découvrir la beauté profonde de l’âme humaine, ils sont entraînés à être en communion les uns avec les autres dans le Christ et à devenir chercheur de paix partout sur la terre.

Savons-nous qu’ « il est dans la communion du Christ tout baptisé qui se dispose intérieurement à faire confiance au Mystère de la Foi ? »

Être en communion les uns avec les autres suppose d’aimer et d’être aimés, de pardonner et d’être pardonnés.

Quand cette communion qu’est l’Église se fait limpide en cherchant à aimer et à pardonner, elle laisse transparaître des réalités d’Évangile dans une fraîcheur toute printanière. « Ce n’est pas l’Évangile qui a changé, mais c’est nous qui commençons à mieux le comprendre », disait le pape Jean XXIII à la veille de sa mort. Entrerons-nous bientôt dans un printemps de l’Église ?

Le Christ nous appelle, nous des pauvres de l’Évangile, à réaliser l’espérance d’une communion et d’une paix, et qu’elle rayonne autour de nous. Même le plus simple parmi les plus simples peut y parvenir.

Pressens-tu un bonheur ? Oui, Dieu nous veut heureux !... et il y a un bonheur dans l’humble don de soi-même.

 

Heureuse Année 2012 !

Publié dans TEXTES

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article