Matthieu 1,1-17 : Généalogie de Jésus Christ. (Deuxième partie)

Publié le par GITANS EN EGLISE

( Deuxième partie )

 

CONSTRUCTION DE LA GÉNÉALOGIE (1,2-17) : (voir le v.17) : évocation de 3 périodes : les Patriarches (2 fois 7 noms), les Rois (2 fois 7 noms), de la Captivité à Babylone à Jésus (2 fois 7 noms), soit 42 noms ; Jésus commence la septième série des descendants : avec une idée de perfection, de totalité, d’accomplissement, d’apogée. Pour réaliser cette liste, MATTHIEU, fait des omissions et des répétitions et n’est sûrement pas insensible à la symbolique. (Luc procède différemment et indique 77 noms : une autre symbolique). On note en particulier que la valeur numérique des lettres du nom de DAVID (D W D = 4+6+4) correspond précisément au nombre « 14 (7+7)» ; répété 3 fois ce nombre donne 42. MATTHIEU pourrait vouloir dire ainsi que Jésus est le fils de David de manière éminente ; il est comme David un Roi Messie.

(N.B. - MATTHIEU, l'ancien Publicain, avait gardé la passion des chiffres : s'il y a 3 groupes de 14 générations, il y a aussi 3 tentations (Mt 4,1-11), 3 exemples de justice (aumône, prière, jeûne : Mt 6,1-18), 3 prières à Gethsémani (Mt 26,39-44), etc... Mais il y a aussi 7 malédictions contre les Pharisiens (Mt 23,13-32), 7 demandes du Notre Père (Mt 6,9-13), 7 paraboles (Mt 13), 7 pains et 7 corbeilles (Mt 15,34-37), le possédé a 7 démons (Mt 12,42), et le pardon doit aller jusqu'à 70 fois 7 fois (Mt 18,22), etc...)

2-6 : l’ère des Patriarches : cette généalogie est exceptionnelle ; il n’y a habituellement que des noms d’hommes « qui engendrent ». Ici MATTHIEU place 4 femmes ; plus loin il placera aussi Marie, mère de Jésus. C’est une véritable innovation, surtout si l’on fait attention que les 4 premières femmes mentionnées sont des étrangères pour Israël ou des femmes qui ont eu des enfants d’une façon irrégulière (deux par la prostitution, une par l’adultère) : THAMAR (v.3 ; cf Gn 38,13-19) : prostituée pour obtenir la postérité qui lui était due. RAHAB : (v.5) la prostituée cananéenne de Jéricho qui sauva la vie à deux espions envoyés par Josué (Jos 2,1-21) ; elle fut épargnée quand les Hébreux détruisirent Jéricho (Jos 6,17.22-25). RUTH : (v.6 ; étrangère moabite, ancêtre de David, modèle de piété et de vertu (Ruth 1,16 ; 3,10). LA FEMME D’OURIAS, c’est-à-dire : BETHSABÉE, qui fit tomber David dans le péché (2 Samuel 11-12) mais qui sera la mère de Salomon, successeur de David. MATTHIEU a voulu montrer par-là que Jésus faisait partie de cette humanité pécheresse (cf. son baptême par Jean) et exprimer en même temps la gratuité des dons de Dieu : si Dieu a choisi le peuple d’Israël pour être l’ancêtre du Messie, ce n’est pas à cause de ses qualités, mais parce qu’il l’aimait (Dt 7,7-8).

7-11 : l’ère des Rois : Seul David est appelé « roi » (v.6) : « selon mon cœur » (Ac 13,22). MATTHIEU reprendra plus tard pour Jésus le titre de Roi des Juifs (Mt 2,2 ; 21,5 ; 27,11). Dans la succession des rois dont MATTHIEU rappelle le souvenir, on voit combien Jésus connut des ancêtres de diverses valeurs. C’est à travers des générations bonnes ou mauvaises, par l’intermédiaire de descendants de David, plus ou moins dignes de leur mission, que Dieu conduisait l’histoire jusqu’à la naissance de Jésus.

12-17 : l’ère de l’après Captivité à Babylone : le N.T. relie étroitement l’histoire de Jésus à celle de son peuple. Il n’y a plus de rois ; ce sont les prêtres qui dirigent le peuple. Jésus sera le Roi-Messie, mais aussi le Grand Prêtre « qui a traversé les cieux » (He 4,14 ; Ch. 5 à 9…) et qui apporte le vrai culte « en esprit et en vérité » (Jn 4,23-24). C’est lui qui conduira vers la vraie « terre promise » (He 3,7-11) pour une libération définitive de la servitude de la Loi, du péché et de la mort (Rm 7,3-6 ; 6,18-22 ; 8,2-3 ; Ga 2,4 ; 5,1.13). Au v.16 MATTHIEU brise le rythme suivi depuis le début ; il laisse entendre ici que JOSEPH n’est pas le père de Jésus, si ce n’est légalement (v.18-19). La cinquième femme de la généalogie, MARIE, enfantera, elle aussi, d’une façon irrégulière (Mt 1,18), mais ce sera par grâce, sans péché. Le v.17 laisse entrevoir le caractère symbolique de la généalogie. Jésus est entré dans la génération des hommes sans s'y laisser toralement enfermer ; en lui s'accomplit toute l'histoire du peuple d'Israël. Par lui commence aussi l'histoire de l'Eglise, prémices du Royaume à venir. 

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