Mc 1,1-8 LA PRÉDICATION DE JEAN LE BAPTISEUR

Publié le par GITANS EN EGLISE

Mc 1,1-8 : LA PRÉDICATION DE JEAN LE BAPTISEUR

 

                        L’Évangile de MARC débute par une présentation contrastée de JÉSUS et de JEAN : le « Christ Seigneur » et le « messager », celui qui baptise dans l’eau, et celui qui baptise dans l’Esprit. Ainsi sommes-nous placés d’emblée devant la continuité qui conduit à la nouveauté.

C’est Isaïe qui fait le lien avec la première alliance : le temps des promesses et de l’espérance. JEAN vient en annoncer la réalisation et en proclamer les conditions. JÉSUS vient en sceller l’accomplissement dans l’Esprit. Et tout se vit dans la fidélité à un même geste : le BAPTÊME. JEAN baptise dans l’eau : l’eau de la conversion qui lave des pensées mauvaises ; les larmes du repentir et de la pénitence qui purifient le cœur ; l’eau du pardon dans laquelle Dieu plonge le pécheur : « Lave-moi et je serai blanc plus que neige ». JÉSUS baptise dans l’Esprit qui fait toutes choses nouvelles à commencer par notre cœur. L’eau c’est le chemin laborieux de la pénitence et de la conversion. L’Esprit, c’est l’irruption de l’amour qui transfigure tout.

Mais pour renaître de l’Esprit, de son dynamisme libérateur, il faut accepter de descendre dans l’eau. JÉSUS lui-même y est descendu et c’est sur le Fils bien-aimé du Père, venu rejoindre la foule des pécheurs dans l’eau de la conversion que le ciel s’est ouvert et que l’Esprit s’est manifesté. Ainsi de JEAN à JÉSUS y a-t-il à la fois nouveauté et continuité. JÉSUS appelle à renaître dans l’Esprit, mais il reprend le geste de JEAN en le transfigurant.

v. 1 : « Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu. »

            Par cette première phrase, MARC annonce l’objectif principal de tout son Évangile : soutenir la foi en Jésus de Nazareth (1,9), reconnu comme Christ (Messie, 8.29) et Fils de Dieu (15,39). Dès la première ligne tout est déjà dit de Jésus ; en tout cas l’essentiel de ce qu’il faut savoir pour comprendre la suite. Mais ce sera aussitôt le « secret messianique »… Il faudra attendre la mort de Jésus pour que le centurion romain au pied de la croix proclame ouvertement ce qui était déjà annoncé ici : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu ! » (Mc 15,39).

« Commencement » : ce premier mot de l’Évangile évoque le premier mot de la Bible (« Au commencement Dieu créa le ciel et la terre… » (Gn 1,1) et le premier mot de l’Évangile selon saint Jean (« Au commencement était le Verbe… » (Jn 1,1). La venue de Jésus inaugure comme une nouvelle création, un monde nouveau, un « re-commencement »… Et Jean le Baptiste fait aussi partie des commencements : sa prédication prépare celle de Jésus.

Le mot « Évangile » en grec signifie « Bonne Nouvelle ». Cette bonne nouvelle n’est pas d’abord l’écrit de Marc (ou des autres évangélistes) ; la Bonne Nouvelle c’est d’abord Jésus lui-même (8,35), son enseignement et en particulier sa révélation du Père, et tout ce que Dieu, par Jésus, a fait pour nous, en particulier notre salut.

« Jésus » : “Yeshouah” = “le Seigneur sauve”. C’est un nom d’homme : Jésus n’a pas fait semblant d’épouser notre humanité ; il s’est vraiment fait homme. En Lui se manifeste la toute puissance et l’amour infini de Dieu (cf. Lc 1,68-69).

« Christ » : Traduction grecque de “Messie” : celui qui a reçu l’onction d’huile, l’onction de Dieu, le Sauveur attendu par le peuple d’Israël, annoncé par les Prophètes. La Bonne Nouvelle prêchée par saint Marc est celle de Jésus le Christ.

« Fils de Dieu » : troisième titre donné à Jésus par Marc. Jusqu’à présent cette expression avait été utilisée dans la Bible seulement au pluriel, par ex. Ps 29,1 : « Rendez au Seigneur, vous les dieux (les fils de Dieu), rendez au Seigneur gloire et puissance ». Le singulier « Fils de Dieu » annonce une relation unique entre Jésus et Dieu son Père, unique et jamais encore révélée : « Nul n’a jamais vu Dieu, le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui l’a fait connaître » (Jn 1,18).

v. 2-4 : « Il était écrit dans le livre du prophète Isaïe : Voici que j’envoie mon messager devant toi, pour préparer la route. À travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Et Jean le Baptiste parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. »

En unissant deux textes de l’Ancien Testament : Malachie 3,1 et Isaïe 40,3, Marc et les premiers chrétiens nous signifient que la prédication de Jean-Baptiste marque le début du temps du salut. En effet, Jean-Baptiste est ici identifié au prophète Élie (voir plus loin le commentaire du v. 6) dont Malachie (3,1) annonçait la venue. Or, la venue d’Élie devait précéder la manifestation du Messie sauveur. Le second texte cité par Marc (Is 40,3) annonçait la réalisation prochaine du salut de Dieu en faveur de son peuple (voir Exode 23,20).

.Après avoir situé Jésus au v. 1, Marc nous conduit au désert de Judée, sur la rive gauche du Jourdain, où Jean vient d’y « paraître ». Il y vivait peut-être déjà depuis un certain temps, mais dans le silence. Mais le moment est venu de paraître au grand jour et de proclamer à haute voix la conversion des cœurs. Jean annonce un baptême de repentir pour la rémission des péchés. Il invite les gens à se repentir, à se convertir, à reprendre le bon chemin.

Le ministère de Jean accomplit le dessein de Dieu annoncé par le prophète Isaïe ; c’est déjà une irruption de Dieu dans le monde à travers Israël. Jean sera-t-il entendu ? Dieu sera-t-il accueilli ?

v. 5 : « Tout le pays de la Judée et tous les habitants de Jérusalem venaient vers lui. Il les baptisait dans la rivière Jourdain, pendant qu’ils avouaient leurs péchés ».

Jean pratiquait un rite baptismal qui exigeait une conversion intérieure ; celui qui venait recevoir le baptême rejetait son passé de pécheur, pour en être pardonné.

L’appel à la conversion de Jean a dû certainement déconcerter certains de ses auditeurs. Pourtant, on remarque que sa prédication attire les foules qui viennent vers lui de partout. Pour le rencontrer il faut pourtant affronter le désert et ses difficultés. Il semble bien que l’impact de sa prédication ait été considérable. Les gens viennent de loin ; ils viennent en foule ; ils sont de tous niveaux sociaux ; ils écoutent Jean ; ils font ce qu’il demande ; ils repartent transformés.

L’Esprit de Dieu prépare déjà la venue de Jésus.

v. 6 : « Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage ».

Jean est vêtu comme le prophète Élie : « “C’était un homme qui portait un vêtement de poils et un pagne de peau autour des reins” – “Alors c’est Élie le Tishbite” ». (2 Rois 1,8), auquel Jésus identifiera Jean-Baptiste (Mc 9,11-13 ; Mt 11,14 ; 17,10-13 : « Élie est déjà venu… Alors les disciples comprirent qu’il leur parlait de Jean-Baptiste ».

Jean est présenté comme un homme de Dieu, ne vivant plus pour lui-même, détaché de tout, menant une vie austère ; avant de parler aux autres, il faut commencer par donner l’exemple. C’est peut-être aussi cela qui faisait bouger les foules… Pour bien parler de Dieu, il faut avoir le cœur tout entier fixé en Lui, libre vis-à-vis de tout le reste.

v. 7 : « Il proclamait : “Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales ».

Or voici que Jean, loin d’accrocher les gens à sa personne, les renvoie à un Autre, que d’ailleurs ils ne connaissent pas. Il montre au peuple clairement qu’il n’est que le messager de Dieu, celui qui prépare la venue de quelqu’un de plus grand, qu’il pressent être infiniment plus grand que lui, mais qu’il n’a pas encore rencontré.

v. 8 : « Moi je vous ai baptisé dans l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint ».

Deux déclarations viennent confirmer ce qu’il vient de dire : à la fois que la mission de Jean-Baptiste, qui était de préparer une arrivée, est sur le point de s’achever ; et que celui qui vient le remplacer sera rempli d’une puissance spirituelle bien supérieure à la sienne.

Le baptême de Jean n’était que le signe que l’on voulait changer de vie, mais la vie n’était pas changée pour autant.

Le baptême de « Celui qui vient » (Mt 11,3) changera la vie de celui qui le recevra, car il recevra l’Esprit Saint, seul capable de convertir les cœurs.

Les chrétiens de Rome, pour qui MARC écrivait, en avaient fait l’expérience : ils avaient, à leur baptême, reçu l’Esprit Saint, et leur vie avait été changée (Rm 5,5). Ils n’en désiraient que davantage mieux connaitre cet « Autre » qui s’appelait Jésus.

Qui est donc cet « Autre » dont Jean annonce la venue ? La grande question de l’Évangile de Marc est posée !

L’Évangile de MARC nous ouvre une perspective extraordinaire, immense, remplie de joie : le CHRIST et l’ESPRIT !

 

 

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Publié dans MARC

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