Mt 2,19-23 LE RETOUR D'ÉGYPTE

Publié le par GITANS EN EGLISE

Mt 2,19-23 : Le retour d’Égypte

 

            2,19 : Hérode le Grand meurt en l’an 750 de la Fondation de Rome, ce qui correspond, dans notre calendrier actuel, à l’an 4 avant J.C.

            Après sa mort, la Palestine est divisée entre ses enfants, ceux du moins qui ont survécu à ses massacres familiaux… En voici un aperçu :

HÉRODE le GRAND

HÉRODE LE GRAND (40-4 avant J.C.)

Une dizaine d’épouses

Mariamne II

3e épouse

Malthace

4e épouse

3 des fils d’Hérode

Hérode PHILIPPE

Prince de l’Iturée

et de la Traconitide

demi-frère des 2 autres

ARKÉLAÜS

Prince de Judée

(-4 av.JC – 6 ap.JC )

Fils aîné d’Hérode le Grand

Hérode ANTIPAS

Le tétrarque

Prince de Galilée et Pérée

Fils cadet d’Hérode le Grand

Informations

Sa femme Hérodiade

(qui était aussi sa nièce)

mère de Salomé,

le quittera pour épouser

son demi-frère Hérode Antipas.

Héritier de la violence de son père.

 

Sera très vite destitué par les Romains

en 6 après J.C.

Épouse Hérodiade, (sa nièce)

la femme de son demi-frère Philippe.

Fait décapiter Jean le Baptiste à la demande de Salomé, fille d’Hérodiade

Interroge Jésus… qui ne répond pas

Destitué par les Romains en 39 apJC

Références dans l’Évangile

Mt 14,3-11

Mc 6,14-28

Mt 2,22

Mt 14,1-11

Lc 3,1-19

 

            Pour la troisième fois, Dieu intervient directement auprès de Joseph, en songe, pendant la nuit, pour le remettre en route.

            2,20 : Le message est bref, précis, motivé. « Lève-toi » : c’est tout de suite. Encore un retour improvisé, non préparé, à la hâte… « Prends l’enfant et sa mère » : c’est lui le chef de famille, le protecteur, le décideur. Jésus est bien nommé comme le fils de Marie. Joseph en est le gardien. « Reviens au Pays d’Israël » : c’est l’accomplissement du verset 15 citant la prophétie d’Osée : « D’Égypte j’ai appelé mon fils ». C’est à nouveau un rappel de l’histoire de Moïse, toile de fond de cet exil de Jésus en Égypte ; on lit en effet en Exode 4,19-20 : « Le Seigneur dit à Moïse, exilé en Madian : “Va, retourne en Égypte, car ils sont morts tous ceux qui en voulaient à ta vie. Moïse prit sa femme et ses fils, il les fit monter sur des ânes et retourna en Égypte” ». Notons au passage que “l’âne” de nos images sur la fuite en Égypte est inspiré de l’histoire de Moïse ; l’Évangile n’en dit rien ! « Car ils sont morts ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant ». Etrange pluriel : « ceux qui en voulaient… » ; on ne parlait jusqu’ici que d’Hérode. Matthieu s’inspire tellement de l’évocation du destin de Moïse, qu’il en reprend instinctivement les mêmes termes (voir la citation de l’Exode ci-dessus), comme pour montrer que le projet de Dieu se poursuit de génération en génération, et même ici, qu’il se réalise complètement. Jésus, même encore un simple enfant, (c’est une relecture pascale de l’histoire !) reproduit l’histoire du peuple d’Israël protégé par Dieu ; aucun tyran n’a le dernier mot. Aujourd’hui, cette Histoire continue toujours. « Car rien n’est impossible à Dieu » dira l’ange de l’Annonciation à Marie (Luc 1,37).

            2,21 : Pour la troisième fois, Joseph s’exécute immédiatement. Les trois verbes qui se suivent : « se lève… prend… rentre… » disent à leur façon l’épreuve d’un tel départ, qui était pourtant moins urgent que le précédent. Partir, laisser ce qu’on ne pouvait pas emmener, demander à quelqu’un de régler les travaux commencés, la location des lieux, et tout ce qu’un départ aussi précipité entraîne… La “mission” de l’enfant était prioritaire et ne pouvait souffrir de retard. Joseph en avait la responsabilité. Il a assumé parfaitement de rôle si obscur.

            2,22-23 : Joseph ramène sa famille en Israël. Mais il apprend que c’est l’un des plus violents fils d’Hérode le Grand qui règne sur Jérusalem et la Judée. Arkélaüs, en effet, fils aîné d’Hérode, avant même d’avoir pris le gouvernement du pays avait fait massacrer 3000 juifs lors de la célébration d’une Pâque à Jérusalem. La répression se poursuivi tellement qu’une délégation de Judée et de Samarie obtint de Rome sa déposition, en 6 ap. JC, sous le prétexte d’une grave menace de révolte. Il finit ses jours en Gaule, à Vienne. La Judée devint alors une province romaine administrée par des préfets nommés par l’Empereur. Devant cette crainte populaire, Joseph se demande ce qu’il doit faire ? Il prie et Dieu lui répond par un quatrième “songe”. Il prend alors le chemin de Nazareth en Galilée. Saint Matthieu ne manque pas de faire remarquer que cela aussi entrait dans le plan de Dieu : le cœur du « pays d’Israël », la Judée, n’acceptant pas son Messie, celui-ci rejoint le « carrefour des païens » (Mt 4,15), prêt à commencer sa mission universelle de salut. Il ajoute une citation prophétique assez mystérieuse : « Il sera appelé Nazaréen » ; assez mystérieuse parce qu’on ne trouve pas exactement cette citation. Il y a un jeu de mot entre Nazaréen (habitant de Nazareth), Nazôréen (observants) et Naziréen (consacré à Dieu). Pour essayer de comprendre ce jeu de mot voulu par Matthieu, essayons de considérer ce que la vile de Nazareth représentait pour les contemporains de Jésus. Nathanaël le dira spontanément : « De Nazareth ! Peut-il sortir de là quelque chose de bon ? » (Jn 1,46). Un Juif de Jérusalem considérait les Galiléens comme des citoyens de deuxième classe. De plus Nazareth était proche d’un camp militaire romain : on l’accusait de corruption. Matthieu ne cite pas un prophète, mais dit que “les prophètes” l’avaient appelé « Nazaréen ». Nazaréen est donc un terme de mépris, un mot résumant tout ce que les prophètes avaient prédit concernant l’humiliation et la souffrance du Serviteur de Dieu (Isaïe 53,6 ; 49,7 ; Ps 22,6 ; etc.).

 

            Les deux premiers chapitres de l’évangile selon Saint MATTHIEU forment le « prologue » qui présentent Jésus enfant, le nouveau Moïse, l’envoyé de Dieu, déjà persécuté, mais porteur d’une mission de salut universel.

 

            Nous allons découvrir à la suite (Mt 3,1-4,16) l’ultime préparation de sa mission : son précurseur, Jean le Baptiste ; son Baptême dans le Jourdain, avec l’inauguration de sa mission ; ses tentations au désert ; enfin, le lieu de son ministère.

Publié dans MATTHIEU

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