Mt 5,9 HEUREUX LES ARTISANS DE PAIX...

Publié le par GITANS EN EGLISE

 Mt 5,9 : HEUREUX LES ARTISANS DE PAIX…

5,9 : « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu » ! Pas les « paisibles », ceux qui restent tranquillement dans leur coin en disant : « moi, je ne m’occupe pas des affaires des autres ! »… ou « ce n’est pas mon problème »… ou « suis-je le gardien de mon frère ? »… par lâcheté ou pour préserver notre tranquillité… Pas non plus ceux qui sèment le soupçon et la discorde ; ceux qui prennent leur parti des blocages et des divisions ; ceux qui sont satisfaits de l’équilibre dans la terreur ou de la paix des cimetières…

Mais heureux « les bâtisseurs de paix », ceux qui s’emploient à la construire là où elle ne règne pas encore ; ceux qui luttent de toutes leurs forces contre l’oppression et le désordre établi ; ceux qui jusque dans leur combat sont des hommes de réconciliation ; ceux qui tissent la fraternité entre les hommes, les nations et les classes ; ceux qui, sur les décombres du vieux monde, font refleurir l’amour. Merci à St Matthieu de nous avoir fait cadeau de cette Béatitude de la Paix !

En hébreu « la paix = shalôm » signifie le bonheur complet. Comme nom, il a le sens de bonheur, de bien-être, de salutation ; comme adjectif, il a le sens d’entier, de guéri. C’est tout cela qu’on souhaite quand on salue un ami ! C’est cela que Jésus souhaitait quand il disait à la femme guérie en touchant la frange de son vêtement : « Va en paix » (Luc 8,48), ou quand il saluait ses disciples après sa résurrection : « La paix soit avec vous ! » (Luc 24,36).

« L’artisan de paix » est un « faiseur de paix », un « pacificateur ». Le modèle reste le Christ « qui fit la paix par le sang de sa croix » (Col 1,20). Dès sa naissance, les anges chantaient : « Paix sur la terre aux hommes que Dieu aime » (Luc 2,14), annonçant ainsi la plénitude du don de Dieu qui faisait de nous des fils. Isaïe avait entrevu le Messie comme le « Prince de la Paix » (Isaïe 9,5). Jésus a effectivement donné sa vie pour cette œuvre de pacification universelle : « C’est lui en effet qui est notre Paix : de ce qui était divisé, il a fait l’unité » (Eph 2,14). Et plus encore : « c’est grâce à Lui que les uns et les autres, dans un seul Esprit, nous avons accès auprès du Père (2,18), que nous sommes ses fils ».

Les « faiseurs de paix » évoquent dans la tradition juive ceux qui travaillent à réconcilier leurs proches : époux ou amis brouillés, parents et enfants. Puisque Jésus demande à ses disciples une charité universelle qui les fasse agir en fils du Père céleste (Mt 5,45), les chrétiens universalisent cette tradition juive : ils s’appliquent à être en paix avec tous (Rm 12,14.18-19), jusqu’au don de leur vie plutôt que de se résigner à cautionner l’injustice. Dans le combat contre le désordre de l’injustice, le chrétien ne recherche pas un abri, mais s’équipe d’une armure : « Prenez l’équipement de Dieu pour le combat… afin de pouvoir résister et tenir debout : autour des reins le ceinturon de la vérité, portant la cuirasse de la justice, les pieds chaussés de l’ardeur à annoncer l’Évangile de la Paix, et ne quittant jamais le bouclier de la foi… avec le casque du salut et l’épée de l’Esprit, c’est-à-dire la Parole de Dieu ». (Eph 6,14-17).

Bâtir la paix, c’est ressusciter l’amour dans un monde divisé par l’égoïsme, le ressentiment, la haine, la jalousie, l’avarice… ; c’est mettre le pardon là où il y a l’offense, l’union là où il y a la discorde, la vérité là où il y a l’erreur… C’est être tout simplement « fraternel ». Heureux ceux qui mettent ainsi la charité en pratique : ils sont des « bâtisseurs de paix ».

La Paix commence dans le cœur de l’homme, dans la mesure où il s’élargit aux dimensions du cœur de Dieu. Le secret de la paix, c’est l’amitié et la solidarité entre les hommes : peuples, races, langues, nations… Celui qui vit la paix en lui-même devient aussi un promoteur de paix. Comment communiquer ce qu’on ne possède pas ? C’est pourquoi, négociations et accords n’aboutiront qu’à des résultats décevants, si ceux qui se mettent autour d’une table ne sont pas eux-mêmes des « artisans de paix ».

La Paix, il ne faut pas la rêver, il faut la faire ! Faire la paix d’abord en soi-même (il y a tant de personnes qui sont “mal dans leur peau” !) ; faire la paix avec ses proches… ; contribuer à la paix entre les hommes… La paix n’existe pas toute faite : elle est à faire. Fragile et précaire. La paix n’est ni une technique, ni une pratique. Elle rayonne… elle porte du fruit… elle devient semence de Vie… La paix, ça se gagne à force d’Amour. Le vrai travail de la paix est souterrain, opiniâtre, parfois imperceptible. Elle s’actualise dans le concret de nos vies.

Mais qu’il est donc difficile de gagner la paix : c’est plus difficile que de gagner une guerre !

« Qu’il est difficile d’être prophète de la paix ! Si je lève le doigt vers un avenir gonflé d’espoir, les réalistes me traitent d’idéaliste ; et si je le baisse sur le présent écrasé d’échecs, les utopistes me taxent de défaitiste. Seigneur, donne-moi le courage de n’accepter que de Toi, la rude vocation de prophète de la paix ». (Cardinal Etchegaray).

« Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu ». Stupéfiant privilège attaché à cette septième béatitude, car si on les appelle ainsi, c’est qu’ils le sont ! Pour les autres béatitudes on disait : les affligés seront consolés : on sèchera leurs larmes ; les affamés de justice seront rassasiés : on assouvira leur faim ; les miséricordieux obtiendront miséricorde… A chaque fois la promesse est comme attendue et l’on goûte sa correspondance. Ici la promesse va au-delà de l’attente !

Il suffit donc de faire la paix pour avoir part à la vie divine ? Eh bien oui ! Parce que le « bâtisseur de paix » doit savoir se réconcilier et pardonner pour construire une paix qui dure. Et ce pardon doit aller jusqu’à l’amour des ennemis. Celui qui œuvre pour la paix désarme la haine. Celui qui imite à ce point Jésus, « Prince de la Paix », mérite vraiment d’être appelé « fils du Très-Haut » : « Aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans espoir de retour. Alors votre récompense sera grande et vous serez les “fils du Très-Haut”, car il est bon, lui, pour les ingrats et les méchants » (Luc 7,35).

A rapprocher du texte de St Matthieu dans le même chapitre 5 du “Sermon sur la Montagne” qui s’ouvre par les Béatitudes : « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment “les fils de votre Père” qui est aux Cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5,44-45). Si dans notre œuvre pour la paix nous allons jusque-là, c’est-à-dire jusqu’au pardon et à l’amour des ennemis, nous ressemblons vraiment au Père du ciel comme un fils ressemble à son père. C’est à bon droit qu’on nous décernera le titre de « fils et filles de Dieu », car nous sommes « parfaits comme le Père céleste est parfait », lui qui ne fait pas acception de personne et ne se laisse pas rebuter par le mal (Mt 5,48). Concrètement, si nous sommes « miséricordieux comme le Père est miséricordieux » (Lc 7,36), nous aurons part au plus secret de son cœur.

La PAIX a besoin de TOI !... un sourire… une parole… un regard… un geste… un silence… une démarche…

PRIÈRE SIMPLE

de saint François d’Assise

Seigneur, faites de moi un instrument de votre Paix !

Là où il y a de la haine, que je mette l’amour.

Là où il y a l’offense, que je mette le pardon.

Là où il y a la discorde, que je mette l’union.

Là où il y a l’erreur, que je mette la vérité.

Là où il y a le doute, que je mette la foi.

Là où il y a le désespoir, que je mette l’espérance.

Là où il y a les ténèbres, que je mette votre lumière.

Là où il y a la tristesse, que je mette la joie.

O Maître, que je ne cherche pas tant

A être consolé… qu’à consoler ;

A être compris… qu’à comprendre ;

A être aimé… qu’à aimer ;

Car :

C’est en donnant… qu’on reçoit ;

C’est en s’oubliant… qu’on trouve ;

C’est en pardonnant… qu’on ressuscite à l’éternelle Vie !

Publié dans MATTHIEU

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article